Rencontre avec Raj

Ce mois passé à Dharamsala, en Inde, nous aura permis de faire plus ample connaissance avec les locaux; de comprendre leur mode de vie, leurs coutumes et leur culture. 

Nous avons eu de grandes discussions avec Raj, le gérant de l’hôtel dans lequel nous avons passé la quasi totalité de notre séjour. Notre échange sur les mariages arrangés organisés dans son village de Bodhgaya m’a particulièrement marqué.

Bodhgaya est l’un des quatre lieux saint du bouddhisme; Siddharta Gautama aurait atteint ici l’illumination et l’état de Buddha

Raj travaille à Dharamsala depuis 23 ans. Il a rencontré sa femme, le jour de leur mariage à 18 ans. Elle était âgée à l’époque de 13 ans. 
Ensemble, ils ont eu deux filles âgées de 21 ans et de 13 ans ainsi qu’un fils de 16 ans.

Lorsque nous le rencontrons, cela fait 13 mois qu’il ne les a pas vu. Il travaille tous les jours dans cet hôtel du centre ville de Dharamsala, à 1570 km de son domicile afin de permettre aux siens de se loger, de manger et pour les plus jeunes de suivre une scolarité. 

De nombreux hommes de Bodhgaya viennent travailler ici loin de leur famille. 
Pourquoi ne les rejoignent-elle pas? Ils n’ont pas les moyens, pas les moyens de subvenir aux moyens de toute une famille dans une ville aussi chère avec un revenu aussi faible. Notre ami gagne 8000 roupies par mois, soit 100 euros par mois. 

Roupies indiennes

Raj doit marier ses filles

Actuellement, Raj travaille également pour marier ses filles. Avoir des filles en Inde, encore aujourd’hui, peut représenter une grande source de préoccupation financière. De moins en en moins fréquents dans les grandes villes mais persistants dans les campagnes, les mariages arrangés sont parfois une grande histoire d’argent.

Concrètement, comment se forme le couple de futurs mariés?
Raj doit trouver un mari pour sa fille âgée de 21 ans. C’est lui qui décidera qui elle épousera conjointement avec le père du garçon qui devra également donner son accord. En échange du mariage, le père de la mariée doit payer ce que demandera le futur marié: une somme d’argent, des motos, l’équipement pour la maison, etc…
Les deux jeunes futurs mariés ne se rencontrerons que le jour de leur mariage. 

Il nous raconte qu’il y a quelques temps il a rencontré un garçon qu’il trouvait bien, issu d’une famille de la même classe sociale (caste) que lui. Il lui a montré une photo de sa fille, elle lui a plu. Problème, ce dernier lui a demandé 1 million de roupies (13 000 euros) ainsi q’une moto pour épouser sa fille. Raj est incapable de payer cette somme, il refuse. Aujourd’hui, Il espère trouver un homme issue d’une famille gentille, qui ne demandera pas une somme énorme pour prendre en mariage sa fille. Ce qui est certain, c’est que le mariage n’aura pas lieu cette année car ils ont tous lieu une fois par an, au mois de mai et que nous sommes en juin.

Mon opinion personnelle:


Premièrement, à l’écoute de son histoire, je me suis sentie chanceuse. Chanceuse d’avoir grandi dans un environnement où je me suis toujours sentie l’égal de l’homme et libre de mes choix.
Je suis heureuse aujourd’hui de pouvoir me dire que j’ai consciemment choisi l’homme avec qui je partage mon quotidien. 
Ces jeunes femmes et jeunes hommes sont souvent victimes de leur statut social et du lieu dans lequel ils sont nés et ont grandi. Leurs parents le sont également, reproduisant sans cesse la boucle. Je sens que Raj aimerait pouvoir faire différemment car son discours est plein d’ouverture. Il est cependant bridé par l’environnement dans lequel il vit.

Arte vient d’ajouter un reportage sur YouTube

Inde : unions arrangées


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